Proverbe chinois

Si nous avons chacun un objet et nous nous les échangeons, nous avons chacun un objet. Par contre, si nous avons chacun une idée et que nous nous les échangeons, nous avons chacun deux idées.

mercredi 1 octobre 2008

Derrière le mur (que je photographie) l'Univers. L'univers et son reflet, toutes nos visions chevauchantes et dérivantes. Des autoportraits sans soi et des paysages autobiographiques. Mon regard juvénile éclaté sur une matière distante, qui interprète et résume la surface de l'infini.

lundi 29 septembre 2008

vendredi 26 septembre 2008

jeudi 31 juillet 2008

Citation

«Je pense que chaque artiste ou presque tente sans cesse de parvenir au bord du néant, là ou il est impossible d'aller plus loin.» (Harry Callahan) Démarche dangereuse dans la mesure où il serait possible d'y parvenir. Mon esprit se complaît dans la perspective où il est impossible d'arriver en un tel lieu, au bout de la route, soit qu'un tel lieu n'existe pas ou que le voyage serait trop long pour une vie humaine. Quel serait en effet le choc pour l'esprit humain de se heurter à une surface où il ne pourrait consumer son existence, laisser sa trace, créer pour simuler une signification à tout cela? Seul un immortel pourrait vraiment connaître le néant, et peut-être que l'immortalité advient lorsque l'on parvient au néant. Il m'apparaît pourtant improbable que ce soit un lieu différent de celui où l'on se trouve; nous devons y être déjà, en faire partie, seulement trop léger et immature pour pleinement l'habiter. Le néant est ici et ailleurs, et l'éternité est une aberration de langage.

mardi 17 juin 2008

Anecdote

Je lisais et je n'étais pas concentré, je pensais à mon blog et je me demandais pourquoi continuer à y écrire, quel intérêt y avait-il à exposer ce que je pense, mes conclusions et mes questions. À la seconde où je me posais ces questions, voici le passage sur lequel je suis tombé: «Je ne crois pas qu'il soit indispensable à un philosophe de défendre sa vie durant une position rigidement cohérente. C'est une sorte d'orgueil de l'esprit que de s'interdire de «penser à haute voix» et de publier une thèse tant qu'on ne se sent pas en mesure d'en présenter une justification sans appel. Tout comme la science, la philosophie est une fonction sociale. On ne peut penser juste tout seul, et il est nécessaire de livrer sa pensée au public afin de profiter en retour de la critique. S'il m'arrive de donner à certaines déclarations un tour autoritaire ou dogmatique, c'est par souci de clarté et non pour jouer les oracles.» (Alan Watts, Supreme identity)
 Sans m'identifier à ceci en me disant philosophe - loin de là - je crois que ceci s'applique beaucoup à ma situation, car cela me rappelle pourquoi j'avais commencé ce blog au début. C'était justement pour former ma pensée, pour me forcer à l'articuler et pour l'exposer aux intempéries à l'extérieur de ma boîte crânienne. Je croyait pouvoir faire de ce lieu un lieu d'échange, mais je me suis trompé. Partir ce blog seul et d'une façon très personnelle et pensant pouvoir y greffer d'éventuels collaborateurs était un peu naïf. C'était et c'est resté un lieu de réflexion personnel exposé à tous qui prennent le détour, une petite bouteille de verre où je suis le seul à glisser des messages par le goulot. 
 Pour revenir à la citation d'Alan Watts, je crois que cela s'applique bien à d'autre forme d'expression/réflexion. Par exemple, l'auto-critique, les exigences envers soi et sa création peuvent facilement être un frein à l'exposition de celle-ci. Vouloir s'améliorer, pousser plus loin, complexifier, synthétiser, perfectionner son oeuvre; tous ces désirs ne doivent pas constituer un blocage à l'appréciation de cette oeuvre, si en devenir qu'elle puisse être. Car est-on jamais en parfaite maîtrise de nos moyens (de réflexion et création), cesse-t-on jamais d'apprendre et de d'améliorer, peut-on jamais arriver à une extrémité où tout est parfait, bien dosé et sans faille, où le moment serait parfaitement idéal pour finalement révéler au grand jour l'«accomplissement ultime»? Je ne crois pas, pour moi la perfection fait référence à un état d'immobilité qui ne peut exister, car, même s'il était possible d'y parvenir, cet exploit se solderait par la mort, car je ne conçoit l'immobilité comme faisant partie de la vie.

dimanche 11 mai 2008

Phrase anonyme

«You never grow old, you become old by not continuing to grow.»
Ceci décrit très bien chez moi une angoisse, une obsession et de ce fait même un but et une motivation.

dimanche 17 février 2008

Paysages subjectifs


Regard neuf


Une certaine chose m'a toujours intéressé, percevoir, comprendre les choses telles qu'elles sont. C'est une idée que j'ai retrouvée plus tard, par hasard, en lisant sur le bouddhisme et le Zen. Certaines idées de cette philosophie sont très intéressantes et trouvent des échos particulièrement intéressants dans les arts visuels. Par exemple, l'idée de dualité. On a tendance, pour comprendre, à vouloir étiqueter, mettre un mot sur une chose. Ainsi, on a l'illusion de l'avoir saisie. Illusion parce que souvent le mot nous éloigne de ce qu'il désigne parce qu'il a une définition qui est fixe et limitée, ce qui n'est pas le cas de la réalité. Comprendre à travers les mots - ce qu'on fait généralement - induit dans notre perception du monde des dualités qui divisent ce qui est uni dans la réalité. Pour des fins de communication les mots et les définitions sont utiles, mais pour comprendre et faire l'expérience du monde, cela nous en éloigne plus souvent qu'autrement. On s'arrête au mot et on ne sent plus la réalité. Ce que je dis est un peu abstrait et confus, mais cela prend du sens avec le très lucide exemple de Magritte. La première fois que j'ai vu son tableau Ceci n'est pas une pipe, je me suis posé des questions sur sa santé mentale. Après coup, j'ai compris, ce n'est pas une pipe, c'est une peinture représentant une pipe. Ça a l'air évident, mais la confusion s'installe souvent. On croit avoir compris quelque chose dès que cette chose trouve référence dans ce avec quoi on a déjà eu contact et qu'on a catalogué. Ainsi on a rarement un regard neuf, on regarde toujours en essayant de repérer ce qui est identifiable. Rarement on essaie de voir, le plus souvent on essaie de reconnaître. C'est ce qui m'est arrivé la première fois que j'ai vu le tableau de Magritte; c'est une pipe, ok, next! Et c'est ici que le tableau prend toute sa force; le peintre a écrit bien lisiblement; Ceci n'est pas une pipe. Ah! Questionner nos perceptions, nos préjugés, nos mécanismes de compréhension; pour éventuellement s'en libérer et faire une expérience du monde plus directe, plus authentique. Voilà une des tâches de l'Art. Ceci ne veut pas dire que les mots, les définitions, les concepts n'ont pas leurs place et utilité, seulement, il ne faut pas confondre la Lune avec le doigt qui la pointe. C'est entre autre un grand problème de l'appréciation de la photo (dans le domaine artistique), c'est une représentation qui peut être tellement fidèle de la réalité qu'on oublie que la photo n'est pas ce qu'elle montre. Je suis toujours intéressé par les démarches qui touchent à cette problématique. Il y a quelques temps j'ai fait un projet qui voulait aussi questionner nos perceptions. C'est une série de photos abstraites où il est très difficile de jurer de ce qui a été photographié, avec un titre qui suggère un paysage qu'on peut retrouver avec de l'imagination dans l'image. Il n'y a pas de manipulation dans Photohsop autre qu'ajustement de contraste, couleur, etc. L'idée était de poser la question «que voyez-vous»? Ce que l'imagination projette sur une image abstraite (le paysage) ou ce qui a été photographié (matière plus ou moins identifiable). Ceci n'est pas de la tôle oxydée, c'est un sommet de montagne enneigé, ou bien l'océan, ou bien...

jeudi 7 février 2008

Quelques images...

Pour ne pas parler dans le vide.
 (Cliquez pour voir en grand)








Ajustement

 J'aimerais essayer de clarifier quelque chose. Un doute que j'avais déjà et qu'on a par la suite porté à mon attention. 
 Le fait de parler de la création et de ses environs peut sembler être une négation de sa dimension intuitive; le senti, l'inspiration, etc. Ceci est pourtant très loin de mes intentions. Pour moi cette dualité n'existe pas - ou ne le devrait pas - en ce sens qu'il n'est pas impossible de réfléchir et de ne pas être limité par cette réflexion. Comme l'apprentissage technique est important pour repousser les limites de la création - acquérir des compétences nouvelles pour atteindre un autre niveau - la réflexion sur la création peut avoir une raison d'être similaire. On peut toutefois se demander quelle est la vraie raison de parler de la création, si ce n'est pour intellectualiser, complexifier ce qui ne devrait pas l'être, c'est une question très légitime. Personnellement, je crois que je le fais, d'une façon très égoïste, pour mon propre plaisir. Pour paraphraser Brooks Jensen, je crois qu'il est important, pour évoluer et s'améliorer en photo, de pratiquer à chaque jour. Comme un musicien ne peut aller faire un concert sans avoir pratiqué quotidiennement son instrument, un photographe doit faire de la photo chaque jour. Mais ceci n'implique pas de produire des images chaque jour, mais de faire quelque chose de relatif à la photo, que ce soit de regarder des images, voir un documentaire, exercer son oeil en marchant sur la rue, travailler ses photos, lire sur la photo ou écrire sur la photo, etc. 

mercredi 6 février 2008

La prison de nos conceptions

Parce les chemins déjà tracés sont si facilement empruntables, il faut être prudent. Les idées reçues, les préconceptions sont là pour nous faciliter le contact au monde et, à cause de cette facilité nous les acceptons souvent trop rapidement, sans se questionner. 
 En tant que créateurs, il est important de remettre en question les lieux communs, les conventions. Pour dire quelque chose, il faut avoir quelque chose à dire et pour cette même raison on doit forger notre regard, notre approche, faire des choix les plus conscient possibles quant à notre rapport au monde, rester le plus indépendant possible pour avoir un regard frais sur les choses et les idées.
 La photographie est un domaine qui est sans cesse objet de catégorisation. Tout le monde et n'importe qui, penseurs, spécialiste, ou bien mononcle, pensent savoir ce qu'est la photographie, pensent pouvoir la déterminer, l'expliquer, la définir avec ses caractéristiques, ses limites, donc la simplifier. Étrangement, même certains photographes s'y efforcent. 
 Il faut faire attention aux concepts. Pendant qu'ils semblent expliquer de façon juste et parfois irréfutable les aspects de l'existence, ils en nient (entre-au
tre)le caractère intrinsèque et fondamental qui est la non-fixité, l'impermanence, ils établissent des murs, des frontières, des oppositions, des dualités, qui souvent ne sont présents que dans l'esprit et ne se retrouvent pas dans la réalité, qui elle est vague, changeante et non-duelle. 
 Selon moi, la photographie échappe à toute catégorisation réductrice parce qu'elle embrasse la vie par son jeu avec le temps, l'espace, la vision, la perception intellectuelle et philosophique. Elle est aussi libre que l'être qui la pratique. 


















Par exemple, Alain Fleisher (photo ci-dessus), par ses images, contredit le très réducteur
concept de Roland Barthes selon lequel la photo n'existe pas en soi, elle n'est que l'image de ce qui a été à un certain moment. Fleisher, en composant des images qui se sont constituées dans le temps et non à un instant précis (qu'est-ce qu'un instant de toutes façons? 1/60e de seconde?) prouve le contraire, ce qu'il a photographié n'a jamais «été» tel qu'on le voit sur l'image.

 Brooks Jensen a écrit ceci: «[creativity] [...] is a clarification of what could not be seen so easily without it.» Autrement dit, la «vision» de l'artiste est là pour montrer. «Art does not reproduce visible, it makes visible.» (Paul Klee).

Citation I

Un photographe que je respecte beaucoup a dit quelque chose de très juste qui se rapproche un peu de ce que j'ai écrit dans «The best people make the best photographs». C'est un de mes contacts sur Photo.net, il s'appelle Jack McRitchie et demeure au Japon depuis une vingtaine d'années.

«Although I don't consciously impose any theme on my picture, it's inevitable that they reflect my outlook on life. I guess this is as true for me as for you or any of us. The idea of multi-dimensionality, that there is no set reality but rather an infinite number of co-existent interpretations and possibilities, is something that as long fascinated me because the implications are so profound. Photography seems an appropriate medium for investigating this idea since taking pictures is peculiarly dependent on how we see the world around us at particuliar moment in time. Each day's photography is an adventure hopefully carrying us into new and uncharted territory where the social blinders are slipped off for awhile and we see the world afresh.»

lundi 4 février 2008

Palindrome


Petite expérimentation d'un négatif Holga modifié.

Justification

Pourquoi un blog qui se veut philosophique sur la photographie. Parce que la photo est une voie que l'on pratique et qui se poursuit au-delà de la technique et de l'éthique. La photo est un art technique, mais le développement de la connaissance technique n'a sa place qu'un temps seulement. Et la réflexion aussi. Ensuite doit survenir un lâcher prise, un désapprentissage où les détails techniques sont assimilés, complètement digérés et dès lors oubliés (transformés en réflexes) pour laisser toute la place à l'accident, à l'impromptu, au hasard, à l'erreur, à l'expérimentation, à la nouveauté; à la création.

«The best people make the best photographs»

Cette citation de Morley Baer m'a particulièrement interpellé parce que j'y lis quelque chose qui approuve ma motivation en tant qu'apprenti photographe. Je ne crois pas qu'en disant cela Baer faisait un jugement de valeur et que seuls les bons chrétiens peuvent faire de bonnes photos. Je crois que cela signifie d'avantage que plus un être est accompli, développé, cultivé, sage, sensible, etc. plus il est en mesure de créer une oeuvre de qualité. L'oeuvre en soi n'est aucunement différente du créateur, elle en est indissociable; il s'est projeté en elle et elle est sa réflexion. Ainsi, les qualités, les caractéristiques du photographe qui peuvent sembler n'avoir aucun lien avec la photographie - par exemple sa connaissance de la mythologie grecque - sont aussi constituante de sa création, ont un impact aussi important sur celle-ci que, disons sa connaissance de Photoshop ou des lois de la composition. D'ailleurs, souvent les démarches les plus intéressantes sont influencées par des disciplines assez loin de l'art. Elles sont ainsi étoffés par une substance autre (philosophie, psychologie,etc.), prennent une profondeur beaucoup plus intense que la simple esthétique, et reviennent par ce détour pour interpeller directement le spectateur et le questionner, l'ébranler, l'émouvoir et induire dans sa conscience une dynamique qui prends sa force dans tous les acquis du créateur qui ont été canalisés dans l'oeuvre. 
 C'est entre autre cette idée qui me motive à faire ce blog, à encourager la réflexion malgré le danger de sur-intellectualiser. Évoluer en tant qu'être humains, apprendre, se questionner pour créer, toujours mieux, et non réfléchir pour douter éternellement ou pour tuer le mouvement de la création, se perdre dans des abstraction stériles et perdre le contact avec les autres et avec la vie elle-même.

dimanche 3 février 2008

Baptême du blog.

C'est avec un peu de nervosité que j'entre dans le monde de l'auto-exposition, de la prétention et de l'ego. C'est une action pré-méditée. C'est moins par orgueil que j'en ai pris la décision que par désir de mettre sur le NET ce que je n'y trouvais pas. J'ai envie d'essayer de créer ce lieu de réflexion sur l'image et la création photographique que j'aurais aimer trouver. 
Ce que je déplore en photo c'est ce fait qu'on perd beaucoup de temps et d'énergie à parler d'équipement et autres détails techniques. Il est bien-sûr nécessaire de traiter de ces sujets, le problème c'est qu'ensuite il ne reste que peu d'espace pour d'autres discussions, peut-être plus essentielles, sur le coeur de la photographie: l'être humain créateur de l'image. Dans la littérature photographique, il y a soit des guides techniques, soit des essais obscurs et hermétiques écrit par des universitaires tellement spécialisés qu'ils ont presque totalement perdu contact avec la vie et l'expérience du monde. Ma détresse existentielle (on s'entends ici que j'exagère) a pris fin lorsque je suis tombé sur un livre écrit par un photographe sur son expérience de la création photographique. Ce fut une lecture si enrichissante, stimulante, provocante qu'elle a acquis pour moi une importance immense. J'ai envie de contribuer à élargir l'espace réflexif, car j'imagine que si je crois que la réflexion peut aider dans la création, cela peut être vrai pour d'autres, qui trouveront peut-être ici un tremplin pour aller plus loin.

Diaporama du projet Limites de la rationalité