Proverbe chinois

Si nous avons chacun un objet et nous nous les échangeons, nous avons chacun un objet. Par contre, si nous avons chacun une idée et que nous nous les échangeons, nous avons chacun deux idées.

mercredi 6 février 2008

La prison de nos conceptions

Parce les chemins déjà tracés sont si facilement empruntables, il faut être prudent. Les idées reçues, les préconceptions sont là pour nous faciliter le contact au monde et, à cause de cette facilité nous les acceptons souvent trop rapidement, sans se questionner. 
 En tant que créateurs, il est important de remettre en question les lieux communs, les conventions. Pour dire quelque chose, il faut avoir quelque chose à dire et pour cette même raison on doit forger notre regard, notre approche, faire des choix les plus conscient possibles quant à notre rapport au monde, rester le plus indépendant possible pour avoir un regard frais sur les choses et les idées.
 La photographie est un domaine qui est sans cesse objet de catégorisation. Tout le monde et n'importe qui, penseurs, spécialiste, ou bien mononcle, pensent savoir ce qu'est la photographie, pensent pouvoir la déterminer, l'expliquer, la définir avec ses caractéristiques, ses limites, donc la simplifier. Étrangement, même certains photographes s'y efforcent. 
 Il faut faire attention aux concepts. Pendant qu'ils semblent expliquer de façon juste et parfois irréfutable les aspects de l'existence, ils en nient (entre-au
tre)le caractère intrinsèque et fondamental qui est la non-fixité, l'impermanence, ils établissent des murs, des frontières, des oppositions, des dualités, qui souvent ne sont présents que dans l'esprit et ne se retrouvent pas dans la réalité, qui elle est vague, changeante et non-duelle. 
 Selon moi, la photographie échappe à toute catégorisation réductrice parce qu'elle embrasse la vie par son jeu avec le temps, l'espace, la vision, la perception intellectuelle et philosophique. Elle est aussi libre que l'être qui la pratique. 


















Par exemple, Alain Fleisher (photo ci-dessus), par ses images, contredit le très réducteur
concept de Roland Barthes selon lequel la photo n'existe pas en soi, elle n'est que l'image de ce qui a été à un certain moment. Fleisher, en composant des images qui se sont constituées dans le temps et non à un instant précis (qu'est-ce qu'un instant de toutes façons? 1/60e de seconde?) prouve le contraire, ce qu'il a photographié n'a jamais «été» tel qu'on le voit sur l'image.

 Brooks Jensen a écrit ceci: «[creativity] [...] is a clarification of what could not be seen so easily without it.» Autrement dit, la «vision» de l'artiste est là pour montrer. «Art does not reproduce visible, it makes visible.» (Paul Klee).

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Diaporama du projet Limites de la rationalité