Proverbe chinois

Si nous avons chacun un objet et nous nous les échangeons, nous avons chacun un objet. Par contre, si nous avons chacun une idée et que nous nous les échangeons, nous avons chacun deux idées.

mardi 17 juin 2008

Anecdote

Je lisais et je n'étais pas concentré, je pensais à mon blog et je me demandais pourquoi continuer à y écrire, quel intérêt y avait-il à exposer ce que je pense, mes conclusions et mes questions. À la seconde où je me posais ces questions, voici le passage sur lequel je suis tombé: «Je ne crois pas qu'il soit indispensable à un philosophe de défendre sa vie durant une position rigidement cohérente. C'est une sorte d'orgueil de l'esprit que de s'interdire de «penser à haute voix» et de publier une thèse tant qu'on ne se sent pas en mesure d'en présenter une justification sans appel. Tout comme la science, la philosophie est une fonction sociale. On ne peut penser juste tout seul, et il est nécessaire de livrer sa pensée au public afin de profiter en retour de la critique. S'il m'arrive de donner à certaines déclarations un tour autoritaire ou dogmatique, c'est par souci de clarté et non pour jouer les oracles.» (Alan Watts, Supreme identity)
 Sans m'identifier à ceci en me disant philosophe - loin de là - je crois que ceci s'applique beaucoup à ma situation, car cela me rappelle pourquoi j'avais commencé ce blog au début. C'était justement pour former ma pensée, pour me forcer à l'articuler et pour l'exposer aux intempéries à l'extérieur de ma boîte crânienne. Je croyait pouvoir faire de ce lieu un lieu d'échange, mais je me suis trompé. Partir ce blog seul et d'une façon très personnelle et pensant pouvoir y greffer d'éventuels collaborateurs était un peu naïf. C'était et c'est resté un lieu de réflexion personnel exposé à tous qui prennent le détour, une petite bouteille de verre où je suis le seul à glisser des messages par le goulot. 
 Pour revenir à la citation d'Alan Watts, je crois que cela s'applique bien à d'autre forme d'expression/réflexion. Par exemple, l'auto-critique, les exigences envers soi et sa création peuvent facilement être un frein à l'exposition de celle-ci. Vouloir s'améliorer, pousser plus loin, complexifier, synthétiser, perfectionner son oeuvre; tous ces désirs ne doivent pas constituer un blocage à l'appréciation de cette oeuvre, si en devenir qu'elle puisse être. Car est-on jamais en parfaite maîtrise de nos moyens (de réflexion et création), cesse-t-on jamais d'apprendre et de d'améliorer, peut-on jamais arriver à une extrémité où tout est parfait, bien dosé et sans faille, où le moment serait parfaitement idéal pour finalement révéler au grand jour l'«accomplissement ultime»? Je ne crois pas, pour moi la perfection fait référence à un état d'immobilité qui ne peut exister, car, même s'il était possible d'y parvenir, cet exploit se solderait par la mort, car je ne conçoit l'immobilité comme faisant partie de la vie.

Diaporama du projet Limites de la rationalité